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30/06/2015

Ecologie spirituelle (2) : le biotope de notre âme

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La barque dans la tempête :


 

 

Matthieu 8, 23-27 : 

<< Comme Jésus montait dans la barque, ses disciples le suivirent. Et voici que la mer devint tellement agitée que la barque était recouverte par les vagues. Mais lui dormait. Les disciples s’approchèrent et le réveillèrent en disant : “Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus.” Mais il leur dit :“Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi ? ” Alors, Jésus, debout, menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme. Les gens furent saisis d’étonnement et disaient : “Quel est donc celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ?” >>

 

Saint Augustin, sermon 63 :

<< Le sommeil du Christ est le signe d'un mystère. Les occupants de la barque représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la croix. En outre, la barque est le symbole de l'Eglise. Oui, vraiment le coeur de chaque fidèle est une barque naviguant sur la mer ; elle ne peut pas sombrer si l'esprit entretient de bonnes pensées. On t'a insulté : c'est le vent qui te fouette. Tu t'es mis en colère : c'est le flot qui monte. La tentation surgit : c'est le vent qui souffle. Ton âme est troublée : ce sont les vagues qui montent. Réveille le Christ, laisse-Le te parler. “Qui donc est celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ?” Qui est-Il ? A Lui la mer, c'est Lui qui l'a faite” ; “par Lui tout a été fait” (psaume 94,5 ; Jean 1,3). Imite donc les vents et la mer : obéis au Créateur. La mer se montre docile à la voix du Christ, et toi, tu restes sourd ? La mer obéit, le vent s'apaise, et toi, tu continues à souffler ? Parler, s'agiter, méditer la vengeance : n'est-ce pas continuer à souffler et ne pas vouloir céder devant la parole du Christ ? Quand ton coeur est troublé, ne te laisse pas submerger par les vagues. Si pourtant le vent nous renverse – car nous ne sommes que des hommes – et s'il excite les émotions mauvaises de notre coeur, ne désespérons pas ! >>

 

Parole et prière, juin 2015 :

<< Ses compagnons cherchent à réveiller Jésus. Ils ont perdu la maîtrise des événements et ils cherchent un moyen de la reprendre (et vite, car le naufrage peut venir à chaque vague). L'attitude que dénonce Jésus est celle qui conduit à donner plus d'importance à ce que je peux faire de ma vie qu'à ce que la foi me permettrait d'en faire... >>

  

► Sur la nature et la spiritualité, je me permets d'ajouter quelques réflexions dans la foulée de l'encyclique Laudato Si. Le pape écrit : 

« Pour la compréhension chrétienne de la réalité, le destin de toute la création passe par le mystère du Christ, qui est présent depuis l'origine de toutes choses. “Tout est créé par Lui et pour Lui” (Colossiens 1,16)... Une personne de la Trinité s'est insérée dans le cosmos créé, en y liant son sort jusqu'à la croix. Dès le commencement du monde, mais de manière particulière depuis l'Incarnation, le mystère du Christ opère secrètement dans l'ensemble de la réalité naturelle, sans pour autant en affecter l'autonomie » (§ 99)... “Dieu s'est plu à faire habiter en Lui toute plénitude et par Lui à réconcilier tous les êtres pour Lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix” (Colossiens 1,19-20). Cela nous projette à la fin des temps, quand le fils remettra toutes choses au Père et que “Dieu sera tout en tous” (1Corinthiens 15,28). De cette manière, les créatures de ce monde ne se présentent plus à nous comme une réalité purement naturelle, parce que le Ressuscité les enveloppe mystérieusement et les oriente vers un destin de plénitude. >>

« Même les fleurs des champs et les oiseaux qu'émerveillé Il a contemplés de ses yeux humains, sont maintenant remplis de sa présence lumineuse », ajoute le pape. En visitant Gethsémani  on ressent cette Présence devant les oliviers noueux du Jardin : ce ne sont pas ceux d'il y a deux mille ans, mais Jésus dans la nuit de sa Passion a vu leurs semblables. C'est au milieu d'eux qu'il a voulu vivre les heures de son sacrifice pour notre salut. Dans ses paraboles Il a célébré les arbres et toute la nature, si souvent qu'il leur a donné un sens prophétique et sacramentel : le blé, la vigne... « L'univers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier. Il y a donc une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée, dans le visage du pauvre. L'idéal n'est pas seulement de passer de l'extérieur à l'intérieur pour découvrir l'action de Dieu dans l'âme, mais aussi d'arriver à Le trouver en toute chose comme l'enseignait saint Bonaventure : “La contemplation est d'autant plus éminente que l'homme sent en lui-même l'effet de la grâce divine et qu'il sait trouver Dieu dans les créatures extérieures...” » (Laudato Si, § 233). 

Prions cet été avec tous ceux qui vivent une angoisse ou une douleur, morale ou physique, dans le paysage de leurs vacances familiales. Que ce chemin de montagne ou ce sentier du littoral soit leur Gethsémani : le biotope de leur sacrifice de soi. Qu'ils sachent (que nous sachions tous) donner plus d'importance à ce que la foi permet de faire de notre vie, qu'à ce que nous aurions voulu en faire.

 

 

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Commentaires

AUSSI

> François a bien raison de nous désigner la feuille ou la rosée, le chemin ou le visage du pauvre comme motifs d’actions de grâce.
Mais il nous est demandé aussi de chercher Dieu dans le train bondé du matin ; dans le smartphone du voisin de rame (et de galère) qui empile des cubes pour se distraire ; dans le prix de la mini-viennoiserie achetée pour faire un peu de monnaie ; dans l’attaque de fourmis de la veille au soir au pied du lit conjugal – pas découragées par les vieux citrons et les clous de girofle… ; dans l’uberisation de la société, et même de certains de mes confrères journalistes, embauchés le matin, débauchés le soir, loués à l’heure – « c’est bon ce qu’envoie ton smartphone, coco ! » – mais sans garantie de piges, sans la fidélité et la confiance qui étaient la règle hier ; loués et jetés… uberisés – je m’arrête là pour l’humeur du jour.
Et pourtant, oui, loué sois-tu mon cher Seigneur ! car je me suis senti solidaire des pauvres hères de 8 heures dans le wagon qui sentait (pas que) nos pieds, et aussi des cubes multicolores (qui n’ont pas éteint le roulis des Ave), et encore du croissant qui a trouvé preneur au bureau ; et même des fourmis dispersées et, pour certaines d’entre elles (importunes fourmis volantes !) pire que ça… écrabouillées (comment faire avec les fourmis ?). Et toujours de ces confrères qui ne bouclent plus leurs fins de mois, même quand ils représentent habituellement une grande radio… écrasés entre les impitoyables traqueurs de coûts et les robotiques producteurs de contenus qui nous gouverneront demain si nous n’y prenons attention… ces désolants « managers » de l’ultralibéralisme que Tu confies Seigneur, eux aussi – mystérieusement – à notre garde !
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Écrit par : Denis / | 30/06/2015

HENRI de LUBAC

> "Trouver Dieu dans les créatures extérieures", dit le pape François.
Exactement dans le même esprit, voici quelques lignes d'une conférence prononcée en 1942, à Uriage, par le P. Henri de Lubac:
"Tout, c'est-à-dire aussi la nature entière, qui n'est pas seulement la proie de notre raison, ou le lieu de notre action matérielle, ou le grand magasin de notre subsistance, ou l'enchantement de notre sens esthétique, mais encore et surtout le symbole infiniment vaste et divers au travers duquel reluit mystérieusement la Face de Dieu. Un homme est religieux dans la mesure même où il sait reconnaître partout ces reflets de la Face divine, c'est-à-dire où il vit dans une atmosphère sacrée."
(Cette conférence est reprise dans Henri de Lubac, "Théologie dans l'histoire", Desclée de Brouwer, 1990, t. 2, p. 20-22; elle est citée par le P. Michel Sales dans sa préface à la nouvelle édition de "Surnaturel. Etudes historiques" du P. de Lubac, Desclée de Brouwer, 1991, p. VIII-X.)
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 01/07/2015

@ Denis

> Votre (fort) commentaire ci-dessus, qui n'était pas encore en ligne au moment où je recopiais avec recueillement le paragraphe du Père de Lubac, me semble l'illustration pratique de son propos théorique. Cela doit s'appeler la communion. Vous m'accorderez - fraternellement - que ce n'est pas rien.
Il nous reste à communiquer aux "managers" un peu du sens du mystère. Sinon, comme vous le pressentez, cela risque d'aller assez mal...
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 01/07/2015

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